Dioxyde de Titane : quid du Bio ?

Publié le : 20/07/2013 13:28:29
Catégories : Cosmétiques Bio , Santé

Dioxyde de Titane : quid du Bio ?

Le dioxyde de titane est un sel minéral naturel qui se présente sous forme d'une poudre blanche. Il est utilisé comme colorant, conservateur et aussi filtre solaire. Il a en effet la capacité de stopper les ultraviolets. Le dioxyde de titane est le composant phare des crèmes solaires bio et se trouve aussi très souvent dans les poudres de maquillage, mais aussi dans l'alimentation. Lorsqu'il est utilisé comme colorant, il est indiqué sur les étiquettes grâce à un code de lettres et chiffres : CI 77891

Le Dioxyde de Titane, notamment,  fait l’objet d’une méfiance accrue depuis quelques années, car il est soupçonné de toxicité, notamment lorsqu’il est sous forme micronisée (dimension des particules de l’ordre de quelques dizaines de nanomètres). Or, les particules minérales micronisées sont devenues courantes en cosmétique (solaires et maquillage, même bio), car cette micronisation permet une texture de meilleure qualité et un résultat plus esthétique (par exemple, l’effet « masque blanc » longtemps reproché aux crèmes solaires bio est ainsi évité).

Les nanoparticules sont des éléments ayant une taille nanométrique, entre 1 et 100 nanomètres (1 nanomètre est 1000 millions de fois plus petit qu'un mètre). L'échelle est de l'ordre des molécules.

« Avec le dioxyde de titane, on se retrouve dans la même situation qu’avec l’amiante il y a 40 ans », affirme le professeur Jürg Tschopp, prix Louis-Jeantet de médecine 2008, qui a piloté une étude franco-suisse sur les effets toxiques de ce nanomatériau. Le potentiel inflammatoire du dioxyde de titane était déjà connu, mais ses mécanismes d’action n’avaient pas été clairement élucidés jusqu’ici. C’est aujourd’hui chose faite grâce aux travaux effectués conjointement par les chercheurs du département de biochimie de l’université de Lausanne (UNIL) et de l’université d’Orléans. Les tests in vivo et in vitro sur des souris, et in vitro sur des cellules humaines, montrent que le dioxyde de titane, sous forme nanométrique (particules de dimensions un million de fois plus petites qu’un cheveu), a une activité pro-inflammatoire sur les poumons et le péritoine. D’où un possible effet cancérigène. Tout comme l’amiante et la silice, deux irritants environnementaux bien connus.

Un constat d’autant plus alarmant que le dioxyde de titane entre dans la composition de nombreux produits de la vie quotidienne. Utilisé principalement comme pigment et comme opacifiant, il se retrouve aussi bien dans les crèmes solaires, les dentifrices ou les confiseries que dans les peintures et les médicaments.

Le nanomatériau peut être absorbé par voie digestive, cutanée ou respiratoire. Aujourd’hui, on manque encore de données sur l’absorption de dioxyde de titane via l’alimentation ou la peau. Si le risque de pénétration n’est pas exclu à la surface d’une peau lésée (brûlures ou peau atopique), l’ingestion par voie respiratoire est bien plus préoccupante, en particulier pour le personnel des industries nanotechnologiques.

Le problème, c’est que l’évaluation réelle des risques se fera sur le long terme. « Aujourd’hui, on constate que les particules s’accumulent dans l’organisme qui ne parvient pas à s’en débarrasser. En l’état actuel des recherches, on peut seulement prédire qu’il y a là un potentiel pour produire une inflammatoire chronique », précise le Pr Tschopp.

En attendant, plus de deux millions de tonnes de dioxyde de titane nanométriques sont produites chaque année dans le monde, un chiffre qui a doublé en moins de 10 ans. Pour de nombreux produits, la valeur ajoutée du dioxyde de titane est des plus discutables. Ainsi, le nano-TiO2 incorporé aux pâtes dentifrices leur confère une blancheur sans effet sur leur pouvoir nettoyant, mais synonyme d’efficacité dans l’esprit des consommateurs. « Nos données suggèrent que le nano-TiO2 devrait être utilisé avec une plus grande prudence qu’il ne l’est actuellement », soulignent les auteurs de l’étude. « De meilleures précautions devraient être prises », pour limiter son ingestion, dans l’industrie comme dans la vie quotidienne. « Il a fallu presque 100 ans et d’innombrables décès avant que l’amiante soit bannie », rappellent les chercheurs.

Qu'en est-il dans le Bio ?

Tout d'abord, il est important de préciser que la taille du Dioxyde de Titane varie selon les utilisations. Le problème est que la simple liste des ingrédients ne permet pas de savoir si nous avons à faire à une taille inférieure à 50 nm par exemple (taille en dessous de laquelle le Dioxyde de Titane est considéré comme potentiellement dangereux), ou supérieure à 100 ou 200 nm. En cosmétiques Bio, cela a toute son importance, et pour vous y retrouver, plusieurs repères:

  • Ecocert ne certifie en Bio que les produits contenant une taille de Dioxyde de Titane supérieure à 100 nm.
  • Certaines marquent communiquent en vous garantissant une taille supérieure à 100 ou 200 nm
  • Votre point de vente spécialisé est là pour vous renseigner au mieux et avoir fait les vérifications nécessaires auprès de ses fournisseurs

Certaines études réalisées par plusieurs fabricants de cosmétiques bio (Melvita, Lavera et Phyto-actif pour sa marque Bioregena), tendent à démontrer que les nanoparticules de dioxyde de titane restent dans la couche superficielle de l’épiderme (2 à 4 micromètres d’épaisseur) qui se renouvelle tous les jours. Les particules minérales seraient donc éliminées avec les cellules mortes. Des analyses commanditées par des entités indépendantes seraient peut-être nécessaires pour confirmer ces résultats.

D’autre part, certains fabricants (Melvita, Lavera) encapsulent le dioxyde de titane dans de l’acide stéarique végétal (acide gras dérivé de l’huile de coco), des triglycérides végétaux ou encore de la silice. Cette encapsulation stabilise les nanoparticules, les rend non volatiles et réduit encore la probabilité de leur pénétration dans l’épiderme.

D’autres marques (Florame par exemple) garantissent un diamètre des particules supérieur à 200 nm (le dioxyde de titane ne semblerait présenter un danger potentiel que s’il est micronisé à moins de 30 à 50 nm). D’ailleurs, la certification Ecocert prévoit une taille minimale de 100 nm pour ces nanoparticules: un produit labellisé Ecocert ne présenterait donc aucun danger.

Et vous, allez-vous bannir les crèmes solaires au dioxyde de titane? Entre les filtres chimiques présents dans les crèmes non bio (perturbateurs endocriniens avérés), les coups de soleil et les UV nocifs (cancers possible, vieillissement prématuré certain) et les filtres minéraux, il faut bien choisir… Les particules de dioxyde de titane, si possible encapsulées, et d’une taille suffisante, semblent encore être la moins mauvaise solution (à moins de rester à l’ombre tout l’été)!

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